L’un des villages dont les structures ont été démolies mardi fait partie d’une zone de Cisjordanie connue sous le nom de Masafer Yatta, que l’armée israélienne a désignée comme zone d’entraînement de tir à balles réelles.
Un millier d’habitants des huit hameaux qui composent Masafer Yatta devraient être expulsés, une décision confirmée en mai par la Cour suprême d’Israël après une bataille juridique de deux décennies.
Selon des images partagées par des habitants et des militants locaux, des véhicules blindés ont escorté des engins de chantier jusqu’aux démolitions dans les villages de Ma’in et Shaab al-Butum, qui font partie de Masafer Yatta.
Guy Butavia, un militant du groupe israélien de défense des droits Taayush, a déclaré que l’armée avait rasé cinq maisons, des enclos pour animaux et des citernes, déversant le contenu de la vie des gens dans le désert froid.
"Ils viennent et démolissent votre maison. C’est l’hiver. Il fait froid. Qu’est-ce qu’il y a après ? Où vont-ils dormir cette nuit ?", a-t-il dit.
La plupart des habitants de la zone sont restés sur place depuis le jugement, même si les forces de sécurité israéliennes viennent périodiquement démolir des constructions. Mais ils pourraient être contraints de partir à tout moment.
Des responsables locaux et des groupes de défense des droits ont déclaré que des responsables de la défense israélienne les avaient informés qu’ils allaient bientôt faire partir de force plus de 1 000 résidents de la zone.
"Il y a une réelle inquiétude qu’un grave crime de guerre soit commis", a déclaré Roni Pelli, une porte-parole de l’ACRI.
Le COGAT, l’administration israélienne qui s’occupe des affaires civiles palestiniennes, s’est refusé à tout commentaire.
Les deux villages se trouvent dans les 60 % de la Cisjordanie occupée connus sous le nom de zone C, où l’armée israélienne exerce un contrôle total en vertu des accords de paix provisoires conclus avec les Palestiniens dans les années 1990.
Les structures palestiniennes construites sans permis militaire - qui, selon les résidents, sont presque impossibles à obtenir - risquent d’être démolies.
La démolition de mardi s’inscrit dans le contexte d’un nouveau gouvernement extrémiste en Israël, dirigé par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, où les partisans de la colonisation israélienne illégale détiennent des portefeuilles clés et devraient à la fois stimuler la construction de colonies et supprimer la construction pour les Palestiniens de la zone C.
Les familles qui vivent à Masafer Yatta affirment qu’elles faisaient paître leurs moutons et leurs chèvres dans la région bien avant qu’Israël ne s’empare de la Cisjordanie lors de la guerre du Proche-Orient en 1967.
Mais Israël affirme que les Palestiniens n’avaient pas de structures permanentes lorsque l’armée a déclaré la zone comme zone de tir et d’entraînement au début des années 1980. En novembre 1999, les forces de sécurité ont expulsé quelque 700 villageois et détruit des maisons et des citernes.
Une bataille juridique de vingt ans a commencé l’année suivante et s’est terminée en 2022, la Cour suprême israélienne refusant une audience supplémentaire en octobre au sujet de l’expulsion.
Alors que les gouvernements israéliens précédents ont pendant des décennies démoli des maisons dans la région, le gouvernement actuel devrait intensifier les démolitions.
Traduction AFPS